1 Le Grand Frère:
J'ai le privilège ici, d 'être la personne qui connaît François depuis le plus longtemps. Depuis plus de 70 ans, pour le meilleur et pour le pire . Mais avec François, en vrai, le pire il n'y en a jamais eu.
François a toujours été un Vrai Grand Frère. Pas par la taille, parce que tous le Ravinet sont des nains, à part Guillaume qui sauve l'honneur. Mais par son côté totalement protecteur .
-Pour m'apprendre à lire, quand j'avais seulement 3 ans, avec le journal l'Equipe, qu'il me faisait déchiffrer tous les jours..
-Pour m'aider, dans les conflits avec les parents.
Quand j'avais fait une connerie, les parents me privaient des mes bandes dessinées . Alors François allait me les acheter, en douce, avec son argent de poche.
-Pour m'initier au foot.
Avec lui, dans la cour de l'école des parents; mais aussi avec ses potes sur les terrains vagues du Raincy : il intégrait toujours son petit frère dans les jeux des grands.
-Pour me faire écouter des disques: Avec lui, j'ai découvert tout jeune les premiers rockers, Elvis, Eddie Cochran. Puis les Beatles, les Stones .
-Et en général , ensuite, quand je me foutais dans la merde.
Mes plans foireux l'amusaient beaucoup, et il m'aidait toujours à me tirer d'affaire. Sans jamais me juger, sans aucun reproche et toujours avec un grand sourire protecteur. Ce rapport a continué à l'âge adulte . Quand il venait à Paris pour son taf, nous allions
au Resto : il restait le Grand Frère, et payait systématiquement l'addition.
2 Les Jeux :
François a toujours été très joueur: yams, pétanque, baby foot, billard, j'en oublie, mais aussi et surtout, il était un formidable inventeur de jeux. Il y a eu, par exemple, le Football Bille :
Le terrain : le tapis de notre chambre... à chaque extrémité, des petits buts en plastoc récupérés sur des jeux de foot offerts à Noël .
Sur le Terrain : Des billes en verre pour faire les joueurs de champs, 2 gros calots pour faire les gardiens de but, et une bille en terre pour le ballon. Et là, avec les billes et nos doigts, on tiquait, on tirait, on dribblait, dans d'interminables joutes fraternelles. Nous y avons joué des heures entières au Raincy.
C'est le jeu de foot le plus génial que j'ai connu. Et puis les concours BENZ (du nom de la marque de voitures Mercedes
Benz) :invention qu'il a cosignée avec notre papa, Jacques Ravinet. Voici en quoi ce jeu consistait. Lors d'un trajet familial en voiture, pour les vacances, il fallait repérer, en roulant, les véhicules de marque Mercedes..... ceux qui nous croisaient, ceux qui étaient stationnés, ou ceux nous dépassaient. Voitures, camions, camionnettes, tout comptait, pourvu qu'il y ait l'étoile Mercedes dessus. Dès qu'on en voyait un, il fallait hurler "BENZ", au risque de faire faire une embardée à notre mère Odette qui était au volant. Le premier a avoir hurlé marquait un point. Le vainqueur était celui qui totalisait le plus de points à la fin du voyage. François avait inventé le jeu, mais aussi les compètes :
Quand nous allions dans la Sarthe 300 km, c'était le championnat de France de concours Benz. : Le voyage à La Clusaz 600 km: championnat d'Europe. Et le retour d'Antibes, 1000 km, le championnat du monde. Ca durait tout le trajet!! Oui messieurs, oui mesdames. François a inventé et organisé le championnat du Monde de Concours Benz!
3 Sa Philosophie :
La philosophie de François était une splendeur.... Ce qui l'intéressait dans la vie ?.
Sa famille :
j'ai dit quel merveilleux grand frère il était. Nady, Fabien et Guillaume vous diront mieux que moi le super mari et super papa qu' il était .
Son Métier :
Il l'a fait avec passion et talent, et , je le dis car j'ai eu le plaisir d'assister à une de ses animations, avec un sens chorégraphique et théâtral étonnant : une bête de scène!
Le Sport :
à pratiquer à regarder ou à lire. Beaucoup d'entre nous ont fait avec François du vélo, joué au tennis, tapé dans un ballon, skié
sur les neiges des Alpes et de Pyrénées
On a regardé avec lui plein de matches de Rugby ou de Foot.
Et on a tous admiré, ou subi, son assiduité à lire L'Equipe tous les matins. Les potes : ...ah ça, c'était sa grande affaire, les potes..
Le meilleur pote de tout le monde...partout... au lycée, au troquet du lycée, sur le ponton de la plage de la Garoupe , dans le cadre de la famille, à Sup de Co Toulouse. chaque occasion de rencontrer des gens agrandissait son cercle d'amis...
François était heureux quand il arrivait quelque chose de bien à ses potes!! ,au lycée du Raincy, je le vois rentrer déjeuner en nous disant enthousiaste :
"c'est génial, machin il a eu 18 en maths"...et si nous avions le mauvais goût de lui demander quelle note il avait eu, lui, il devenait immédiatement beaucoup plus évasif. A l'âge adulte, ensuite, François a toujours été entouré par ses potes historiques.....par les frangines des potes aussi, à une époque.
Et il a continuellement agrandi ce cercle avec de nouveaux arrivants. Il faisait le lien entre des personnes qui, sans la présence de François au centre du jeu, n'auraient jamais eu aucune chance de se rencontrer ni de même de s'apprécier.
Donc La famille, son métier, le sport , les potes... Tous le reste
lui était à peu près indifférent.....C'est là que sa manière d'être touche
4 les études:
François avait compris un truc essentiel pour ceux qui ne veulent pas se faire chier à faire des trucs qui ne les intéressent pas.:
que L'orgueil est le pire ennemi de la paresse !
Par exemple si , le lycée, la prépa, Sup de Co, c'était important pour lui, ça l'était dans le sens ou c'était le meilleur endroit pour se faire des potes.....Par contre, les études en elles mêmes, les devoirs, ça le gonflait. Alors avec ses profs, il avait réussi à donner l'image de l'élève qui écoutait bien, qui travaillait... consciencieux, mais avec des résultats moyens. Se faire passer pour un mec un peu limité n'était certes pas gratifiant, mais François avait totalement compris le parti qu'il pouvait en tirer, pour qu'on lui foute une paix royale. J'ai eu les mêmes profs, quelques années après...ils me disaient..: "ah, votre frère François, qu'est ce qu'il était gentil. Il avait des résultats pas terribles, mais il se donnait du mal....Ils se donnait du mal!! ....Incroyable!!
Nous étions dans la même chambre, et je voyais bien qu'il en foutait pas une!.
Et avec notre mère Odette, pareil :
Au bout de notre chambre, il y avait un petit bureau minuscule, 2 mètres carrés. Maman l'enfermait dedans, avec un truc de math à faire, ambiance "tu ne sorts pas de la tant que t'as pas fait l'exo de maths!!" Et là je le voyais François, 2 heures à rêvasser, avec ça mèche...totalement ailleurs, en train de penser à un match de foot ou une soirée avec ses potes vous savez, son côté "je suis là mais j'suis pas là", il l'a développé d'ailleurs plus tard avec une autre gestuelle les branches de lunettes dans l'oreille. vous connaissez !!
Et quand maman revenait, 2 heures après, il la regardait en lui souriant...mais ni insolent, ni provoc, le sourire...juste super gentil...et super navré... Ah, j'ai pas trouvé! Maman ben t'as raison, tu risquais pas de trouver. Et ça marchait...maman lâchait l'affaire. Découragée.. et moi je regardais la scène, halluciné.
L'orgueil est le pire ennemi de la paresse. Bien joué le frangin. Quel talent!
5 sous traitance:
Si vous le sollicitiez, François était toujours prêt à dépanner ou rendre service. Mais si on ne lui demandait rien , ne rien faire ne lui posait aucun problème. Là était son immense sagesse.
Il avait le formidable talent de vous amener à faire à sa place les trucs qui le faisaient chier.... Sûr de son charme , avec son adorable sourire , il vous faisait sentir que votre manière de faire
quelque chose à sa place était pleine d'expertise et de talent.
" ah Ouaiiis...génial...super disait il , en contemplant ce qu'on avait fait pour lui, à sa place. Et on se sentait flatté, valorisé, genre : ouais, il a raison François, c'est pas mal ce que j'ai
fait... Bon, une fois dissipée l'ivresse de la flatterie, je me disais: je me suis encore fait niquer...c'était à lui de le faire...pas à moi..
hé, ho, vous tous là...me dites pas qu'il ne vous l'a jamais fait.
Qui ne lui a jamais réparé une roue de vélo.....mis en route son ordi....bricolé un truc dans une de ses maisons....fait un travail de groupe sans lui....réglé ses fixations de ski...fait la bouffe au
dernier moment pour des potes qu'il avait invités sans prévenir..
....On me la fait pas à moi, on y est tous passés!!
On est un paquet de victimes de son charme incroyable...
On pourrait même monter une Assoce.."Les victimes du charme de François". ça aurait de la gueule. et le plus dingue, c'est qu' à chaque fois.....ça marchait....et on y retournait!!! on était content, de refaire un autre truc pour lui......tellement François ..c'est un mec délicieux et sympa. C'est sûr, toujours le sourire, jamais de mauvais poil, une immense gentillesse, jamais conflictuel, toujours très aimant, jamais dans le jugement.. Me vient à l'esprit une expression un peu surannée, mais que les plus de 50 ans comprendront. Mon frère François...c'était un chic type....un vrai chic type... C'est sûr..... ça va être moins joli, plus difficile sans toi mon frangin...mais t'inquiètes, on va surmonter notre chagrin, reconstruire en pensant à toi... Ta bonne humeur et ton sourire resteront notre guide.
Je t'embrasse très fort François, mon grand frère