Maman, tu es née au printemps, à Toulouse, dans une famille fraîchement arrivée de Lorraine, c'était en 1949.
Gilberte et Roland, tes parents, avaient déjà trois grands enfants, Maurice, Michèle et Monique. C'est à la gendarmerie de Saint-Michel que tu as grandi. De ton enfance, je ne sais pas grand-chose, à part les courses de rollers dans les couloirs de la gendarmerie et que tu étais une enfant très timide. Je sais que tu vouais à ta maman Gilberte un amour infini, dressé comme un rempart contre les colères paternelles.
Tu étais une enfant sage et très bonne élève. Tu as fait tes études à Toulouse, et tu as commencé à gagner ta vie comme pionne. Très sage encore, tu t'es fiancée à Patrick. Puis, tu as rencontré tes copines, tes grandes amies de cœur Nicole, Choupette et Aline. Vous ne vous êtes jamais lâchées, une indéfectible amitié était née.
Alors tu es partie faire la fête et travailler en Italie... un été et puis d'autres encore. Je crois que tu as oublié Patrick pour vivre avec tes copines de très joyeuses aventures. De ces moments pleins de rire et de surprises, tu as toujours gardé l'exigence d'une vie riche de découvertes, d'ouverture aux autres, de joie partagées et d'amour. Je ne connais pas bien les années qui ont suivi mais elles ressemblent je crois à un ruisseau vibrant et tumultueux.
Plus tard, lors d'un stage, tu as rencontré Bernard qui allait devenir mon père. Il t'a charmé par son mélange de fantaisie, d'humour et de sérieux ; tu ne l'as plus quitté ; tu l'as même suivi un Aveyron. Vous avez fait un mariage très joyeux qui a duré deux jours entiers et, 9 mois plus tard, je suis née.
Tu as commencé ton travail d'enseignante à l'IUT de Rodez. Pendant toute ta carrière, tu as été une enseignante consciencieuse et proche de tes élèves. Tu es parvenue dans cette petite ville ronronnante à forger de belles amitiés, à saisir toutes les opportunités culturelles et même à en créer de nouvelles.
Toutefois, cette vie tranquillement familiale, dans une ville que tu n'as jamais fait tienne, n'était pas bien en phase avec tes aspirations.
Et un jour tu as rencontré le grand amour de ta vie. Il s'appelait Jean-Mi, il avait l'âme d'un aventurier et votre rencontre a bouleversé vos vies. Ce fut des années intenses où tu étais déchirée entre ta vie à Rodez et ta vie avec lui, en Sierre Leone. C'est à cette époque aussi je crois que tu as perdu ta mère, ta Gigi chérie, ton père et ta sœur Monique.
Puis, il y a eu la mort brutale de Jean-Mi qui a laissé un vide immense. La vie a continué malgré tout et tu as su remonter la pente, soutenue par tes amies et portée par la conviction que la joie n'est jamais épuisée. La fête, l'amitié et la culture ont été tes remèdes et tu t'es ingéniée avec tes camarades aveyronnais à créer des événements festifs, culturels et multiculturels, des soirées où les rires coulaient à flots.
Tu étais toujours une amoureuse au grand cœur et une passionnée de voyage, généreuse et curieuse.
A presque 60 ans, tu as rencontré Allain. Il a su te redonner l'envie de t'engager, de partager vos énergies et votre joie de vivre et de te marier à nouveau. Mais Allain aussi est parti beaucoup trop tôt, emporté par un cancer en 2009. Une nouvelle fois, tu as fait face.
C'est alors, bientôt à la retraite, que tu as décidé de revenir vivre à Toulouse. Très vite tu es devenue une fidèle bénévole de l'Adie pour te rendre utile à des créatrices et des créateurs de projet.
Mila ta petite fille est née en 2011 et tu es devenue une grand-mère formidable. Mila et toi vous avez formé une sacrée paire, pleine de complicité et de tendresse.
Tu as continué à agrémenté ta vie de nombreux voyages. Pendant plusieurs années tu as aussi partagé ta soif de culture et de découverte avec ton amoureux Jean-Louis
Durant l'été 2023, la maladie et survenue, et pendant 2 ans tu n'as quasiment jamais flanché. Jusqu'au bout tu es restée accrochée à la vie, à tes envies de voyage, de partage amicaux, de ciné, de lectures, de concerts, de voir la mer... et jusqu'au bout, il y a eu tes amis et ton sourire.
Maman, ta générosité, ta joie de vivre et ton beau regard sur le monde vont nous manquer à tous.
Je te fais la promesse, comme tu le souhaitais maman, que nous serons Mila et moi, le plus heureuse possible, et tu seras toujours là, dans toutes les belles choses de nos vies.